Le naufrage :
Le 7 juillet 1892, commandé par le Capitaine au long cours Dor, il se rend de Bône à Marseille, avec 107 passagers et 140 tonnes de marchandises. L'aube s'est levée depuis longtemps et beaucoup de passagers sont réveillés, sur le pont, pour voir Marseille, déjà proche. Le navire file à 11 nœuds. A bâbord, dans un nuage de fumée, apparaît l'Escadre de Méditerranée, venant d'Oran et faisant route vers les Salins d'Hyères. La force navale est enligne de front, à 14,7 nœuds. Il y a le Hoche, à l'extrême droite, et les Troude, Bayard, Duguesclin, Amiral Baudin, Amiral Duperré, Dévastation, Vauban, Courbet, Formidable. L'escadre fait route Est-Sud-Est, le paquebot se dirige vers le Nord-Ouest. Les navires de guerre ne peuvent l'éviter, une abattée de l’un d'entre eux risque de provoquer la collision de plusieurs. Le courrier de I'Algérie ne dévie pas sa route, car il vient sur tribord. Le Hoche approche à toute vapeur, il est sur le
Maréchal Canrobert qui tente une « machine arrière » désespérée, et l'éperonne avec violence à la hauteur des troisièmes classes, par le travers du mât de misaine bâbord. I1 est 6 h 37 du matin. le paquebot « craque avec un bruit de noisette » et fait rapidement eau. Par bonheur, I'ancre du Hoche croche dans la coque de I’ abordé, et le retient quelques temps. Le commandant du Hoche,le capitaine de vaisseau Boutet, donne un ordre qui sauvera les passagers du paquebot : il envoie tous les matelots disponibles sur celui-ci, avec mission de ramener les rescapés sur le cuirassé. Les marins sautent dans le Maréchal Canrobert, saisissent de gré ou de force hommes, femmes et enfants, les jettent sur le pont du Hoche, explorent les cabines, les vident de leurs occupants. En moins de 8 minutes, l'évacuation est terminée, et le Marëchal Canrobert coule à 6 h 45. Il y a cinq disparus et quatre blessés. Parmi les victimes, deux soldats et trois enfants.
A 8 heures, le Hoche faisait route sur Marseille où il débarquait les rescapés habillés en matelot, et rentrait aux Salins d'Hyères le lendemain 8 juillet à 5 heures. Le Conseil de Guerre réuni pour la circonstance, sous la présidence du contre-amiral Buge, déclara que le Hoche n'avait commis aucune faute. Un procès intenté par la Compagnie Transatlantique dura jusqu'en 1897, lorsque le Conseil d'état rejeta sa demande d'indemnité.