Un peu d’histoire
Ce bateau a été construit sur les chantiers Burmeister et Wein par l'armateur danois Lauritzen à Copenhague. Lancé sous le nom de Dora le 3 juillet 34, il est vendu à la Compagnie Générale Transatlantique en novembre de la même année, il est rebaptisé sous le nom de Guyane. Sa mission : partir de Dieppe et de Rouen pour transporter du fret en provenance de la Martinique. Mais la guerre vient interrompre tout cela. Désarmé, il est saisi par les italiens pour être déplacé à la Spezia dès janvier 43 et devient l'Acqui, du nom de la ville thermale italienne. Le débarquement allié en Italie vient là aussi modifier son destin et le cargo est sabordé le 9 septembre 43, puis renfloué par les allemands. Préparé pour sa nouvelle mission dès décembre 43, le Niedersachsen ("Basse Saxe" en allemand) devient mouilleur de mines dont l'une des tâches sera d'empêcher par un tapis de mines, tout débarquement allié dans le sud de la France. Quelques mois plus tard, il coule au large de Carqueiranne, près de Toulon, à l'abri des regards de la plupart des plongeurs.
Le 25 février 1944, le Niedersachsen quitte Toulon, les flancs chargés de mines à destination de la côte varoise. Il est accompagné par une escorte de deux navires R-212 et R-198 (qui disparaitront à leur tour en 45). Alors qu'il a contourné les filets anti sous-marins et les champs de mines qui borde la rade de Toulon, le sous-marin Upstart s'approche à distance de tir du lourd cargo. A 17 heures 15, il tire trois torpilles, deux d'entres elles ratent leur cible mais la troisième touche le Niedersachsen sur tribord avant. Le sémaphore allemand du cap Cépet est le témoin impuissant de l'attaque rondement menée par le sous marin anglais, pourtant si petit comparé au cargo. Alors que le navire commence à couler, le commandant et 135 hommes d'équipage sont récupérés par les navires escorteurs et trois bâtiments de la 6ème Sicht-Flotte. Une douzaine de morts seront finalement à déplorer, suite à cette attaque qui n'aura duré que quelques minutes, alors que l'Upstart s'enfuit déjà.
La Compagnie Générale Transatlantique est la compagnie dont les fastes ont auréolé les mers depuis la fin du 19ème siècle en construisant des paquebots comme le Normandie ou le France. Mais celle que les Ship-Lovers appellent affectueusement ma "Transat" est aussi une flotte de cargos et de navires marchands, dont fit partie, entre autres, la Petite Terre, lancée à l'origine sous le nom de Donator.
Le mouilleur de mines qui repose aujourd'hui par un peu plus de 110 mètres de fond mesure 95 mètres de long pour une largeur de 13 mètres. Un puissant moteur diesel de 2200 chevaux lui permettait d'atteindre la vitesse très correcte de 14 nœuds.
Cette épave est considérée comme une des plus belles de Méditerranée. Elle est très peu plongée car profonde et assez loin de la côté. Quand le nom de Guyane a été évoqué par Joël du centre Azur Plongée à la Madrague, nous avons tous senti que le jour était enfin venu...
A gauche : le Guyane quand il s'appellait encore ainsi. Le mat de charge et la plateforme à l'arrière sont bien visible.
Ci-dessous le Niedersachsen au moment du nauvrage.
La plongée
Une série de plongée sur épave est prévue au centre Azur Plongée en ce début octobre 2009. La fenêtre météo de cette période permet de visiter les épaves de la région et de progresser jusqu'aux trois chiffres et donc de visiter l'épave du Bananier en cours d'identification formelle.... Joël qui gère le centre à côté de son épouse Véronique, propose donc le Heinkell 111, le Gapeau, le Junker 88 de Cassis, le Sally of New York et bien d'autre. Le bateau rapide semi rigide permet des déplacements rapides et confortables. Ce matin toute l'équipe est fébrile car Joël parle de plonger sur le Guyane... J'ai entendu parler de cette épave il y a maintenant presque dix ans et à chaque fois les conditions ou les hommes n'étaient pas prêts.
Alex et moi sommes arrivés la veille et avons rejoint une partie du team EXTREMEDIVE. Jean-Louis, François et Philippe sont là. Quinze jours auparavant une expédition était organisée en Tunisie sur les épaves profondes, ce qui explique qu'aujourd'hui le nombre de participants est pour le moins restreints... Nous préparons nos machines pour les recyclos et les bi pour Jean-Louis et Alex. A 9 heures 30, le bateau part lourdement chargé car deux plongeurs belges en circuit fermé et deux plongeurs originaires du massif central, en circuit ouvert nous ont rejoints. Direction la baie de Carqueiranne où l'épave du Guyane nous attend !! Les discussions vont bon train et Joël qui ne connait pas l'épave nous promet une mer digne du lac d'Annecy (quand il n'y a pas de vent !!!!). Une heure plus tard nous sommes sur zone et l'écho du monstre apparait sur l'écran du sondeur : ENORME !!!!
La descente est longue, le bout descend droit dans le bleu, du pur bonheur. Au fond la luminosité a changé et le noir de la nuit a fait place au bleu de notre chère Méditerranée. Les filets sont partout mais la masse métallique, légèrement incliné sur le côté tribord est magnifique, les coursives, les bites d'amarrage, le mat de charge et la structure générale sont en super état. Nous nous suivons et découvrons le monstre. Nous sommes sur l'arrière du navire et faisons le tour de la tourelle d'abord par le point bas, vers 105 mètres, sans aller voir le sable qui semble à une petite dizaine de mètre plus bas. Sur cette plateforme le canon est recouvert d'un amas de filets. Envoutante ambiance !! Alors que nous rejoignons le bout car le délai que nous nous sommes imparti (vingt minutes au fond, descente comprise) touche à sa fin, Joël et Philippe vont faire un tour un peu plus en avant, occasionnant ainsi une série d'images intéressantes. Ils rejoindront le bout quatre minutes après nous.
La longue remontée commence et ce n'est que 120 minutes après avoir quitté le fond que nous rejoindrons la surface. Le souvenir de l'épave reste marqué par sa grosseur et la beauté de la faune et de la flore qui s'y sont installées. Les couleurs sont à couper le souffle et la vision de ce mat de charge pointant vers le bleu du ciel entouré de myriade de poissons est tout à fait entêtante.
Pour la première plongée profonde en mer d'Alex, se fut un beau baptême en sachant que quasiment dix ans se sont écoulés entre le moment où j'ai entendu parler pour la première fois du Guyane, à un stage Trimix au Brigantin de la Tour Fondue avec Jean-Pierre Imbert et aujourd'hui...
Le lundi 6 septembre 2010, les conditions sont parfaites pour retourner sur l'épave. Un groupe de plongeurs suisses est chez Joël pour la semaine. Stephane CONTI en profite pour faire des images et monter cette superbe vidéo qui nous permet une visite en détails de cette belle épave.
CHAPEAU BAS !!!
Que vous soyez débutants ou confirmés, plongeurs air, Nitrox ou Trimix, amateurs d'épaves, de tombants ou encore de petits poissons ce site vous permettra de prolonger votre passion ... même loin de l'eau.