Le genre Coregonus comporte deux genres : leucichthrys (ciscoc) avec bouche supérieure et terminale planctonophage vivant dans les grands lacs du continent nord américain et coregonus à bouche subterminale benthofage et planctophage incluant le complexe C. lavaretus en Eurasie et C. clupeaformis en Amérique du Nord. Les espèces communes en Europe sont la vendace (C. albula), le lavaret (C. lavaretus) , la féra (ou palée) (C. nasus), la Bondelle (C. oxyrhynchus) et le peled (C. peled). Il peut exister plusieurs de ces espèces en France mais, compte tenu de multiples introductions d'origines différentes et des possibilités d'hybridation, il est en général admis que les représentants de cette famille appartiendraient à un complexe Coregonus species.
Le corégone blanc (Coregonus albula) est un poisson d'eau douce qui vit exclusivement dans les lacs alpins, encore assez mal connu, qui fait encore l'objet d'études phylogénétique. Les corégones sont localement fréquents dans l'hémisphère nord en Europe, en Asie et en Amérique du Nord où selon le lieu il est appelé : Marène, vendace, féra, lavaret, palée...
En Europe de l'Ouest, deux espèces de corégones (Coregonus lavaretus et C. albula) sont autochtones en zone alpine, alors que C. peled y a été introduite par des pêcheurs, en posant des problèmes de pollution génétique suite aux hybridations avec C. lavaretus, l'espèce autochtone française. On l'appelle Palée dans les lacs suisses. En France, il est presque limité à la région Rhône-Alpes, dans les grands lacs alpins, sous le nom de féra au lac Léman et au lac d'Annecy et de lavaret au lac du Bourget et dans les lacs subalpins plus petits (Lac d'Aiguebelette, Nantua, Lac de Paladru, Laffrey, Issarlès, etc.) et en Franche-Comté (lacs du Jura). C. peled est caractérisée par un nombre plus élevé de branchiospines que les C. lavaretus.
L’origine du nom corégone vient du grec koré (pupille) et gonia (angle).
Nom scientifique : Coregonus albula. Classe Ostéichthyens, ordre Salmoniformes, famille Salmonidés, sous-famille Coregoninae.
Description : Il est facilement identifiable par sa queue fourchue et sa petite tête, son corps allongé, et couvert de grandes écailles. Il possède, comme tous les salmonidés, une nageoire adipeuse située sur le dos, entre la nageoire caudale et la nageoire dorsale. Il est argenté sur les flancs, avec un ventre blanc et un dos brun-vert, gris-bleu ou bleu-vert. Sa taille moyenne est de 20 cm pour un poids de 1,2 kg, mais pouvant aller pour les mâles jusqu'à 45 cm et 3 kg.
Habitat : Les lacs d'altitude semblent avoir leur préférence, mais on les trouve dans des barrages de réservoirs, des gravières et ballastières et des étangs frais où ils ont souvent été introduits. Hormis en période de reproduction ils vivent au large, dans les grands lacs de montagne, du niveau de la surface jusqu'à 20 m de profondeur. Certaines espèces vivent plus près du fond où elles se nourrissent.
Mode de vie : Grégaire, il nage en bancs supposés suivre le zooplancton qui évolue au gré des saisons et du cycle jour/nuit horizontalement et verticalement, ainsi qu'au grès des apports en nutriments.
Alimentation : Insectes, crustacés et zooplancton.
Reproduction : les corégones atteignent leur maturité sexuelle entre 3 et 4 ans. En période de frai (octobre - décembre), les corégones se rapprochent des rives pour se reproduire. Les femelles pondent 12 000 à 19 000 œufs par kilogramme de leur poids, sur des frayères au fond de sable ou de graviers, l'eau doit être à 5 °C.
Longévité : Les spécimens les plus vieux qui ont été observés étaient âgées de 10 ans.
Menaces : Le corégone est réputé sensible à la pollution et surtout à l'eutrophisation. Pour cette raison, comme la truite sauvage et le saumon sauvage naturellement présents, il est considéré comme un bon bio indicateur de l'état des écosystèmes aquatiques, cependant comme pour les truites et les saumons, les introductions ou réintroductions parfois "sauvages" ont modifié la génétique des populations et n'en facilitent pas le suivi. Ces poissons sont supposés préférer des lacs d'au moins 10 km² de surface, exempt d'eutrophisation et aux eaux plutôt froides et oxygénées : l'exemple d'introductions réussies dans presque tous les lacs du Jura français et du Massif central, au début du XXème siècle, a prouvé que ce poisson qu'on croyait fragile était finalement assez rustique pour s'adapter à une grande diversité d'habitats. Dans le Lac de Thoune, en Suisse, 40 % des corégones présentaient dans les années 2000 des anomalies de conformation des organes sexuels, peut être en raison de la présence de milliers de tonnes de munitions immergées par l'armée dans le lac. Une étude tente de déterminer l'origine de ces anomalies et de vérifier si des munitions ont commencé à libérer des toxiques dans le lac.
Les corégones du lac du Bourget semble moins perturbés génétiquement que ceux d'Annecy, Issarlès, Léman, Saint-Point, Constance, Neuchâtel (VUORINEN et al., 1986), mais les introduction sauvages de corégones non locales sont une menace persistante pour les espèces autochtones. C. peled (palée suisse de Neuchâtel) introduite dans les années 1950-1960 a ainsi modifié par hybridation le patrimoine génétique de C. lavaretus dans les lacs Léman et Bourget. Depuis peu, les relâchés faits au Léman et au Bourget ne sont théoriquement faits qu'à partir de juvéniles issus de parents capturés dans ce même lac.
Les corégones comme les salmonidés font l'objet d'un suivi avec un renforcement des effectifs au Léman par alevins artificiellement élevés. Le lac du Bourget fait l'objet d'une gestion restauratrice d'un pool autochtone. Divers "stocks" sont entretenus en ballastières alors que le lac d'Annecy, plus oligotrophe reste un lieu de référence sans alevinage.